29 Mar
  • Par SEVE Emploi
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Créer un réseau d’acteurs engagés pour l’emploi : un enjeu fondamental

Pour pallier aux tensions de recrutement sur son territoire, Entr’aide Services conjugue efficacement formation, médiation active et implication de ses partenaires.

Interview de Marie Montecot, directrice d’Entr’aide Services à Château-Gontier

Le taux de chômage en Mayenne est actuellement de 5,2%. Quelles sont les conséquences pour l’association intermédiaire et le chantier d’insertion que vous dirigez ?

Le taux de chômage est durablement bas sur notre territoire, il l’est plus particulièrement en ce moment. Les entreprises nous disent qu’elles ont du mal à recruter, et elles ont sensiblement revu à la baisse leurs critères : les personnes qu’elles n’auraient pas prises hier en contrat de travail sont aujourd’hui les bienvenues. C’est donc à nous de faire évoluer nos pratiques au regard des besoins du public qui peine encore à trouver du travail malgré la situation favorable du territoire.

Comment travaillez-vous avec les entreprises du territoire ?

Nous avons fourni un gros travail pour être repéré comme conseil en ressources humaines facilement mobilisable. Par exemple, cette semaine, j’ai reçu un appel du dirigeant d’une entreprise de nettoyage qui venait de recevoir en entretien une personne qui avait été salariée de notre chantier par le passé. J’ai pu le conseiller : c’est une personne à qui il faut donner des consignes claires et concises, vérifier qu’elles sont bien comprises, et qui sera plus à l’aise à travailler en binôme qu’en autonomie. Il faut bien calibrer l’environnement du poste de travail qui lui sera proposé. Mais les entreprises ne prennent pas toujours le temps d’intégrer de nouveaux salariés et de repérer le soutien spécifique dont ils vont avoir besoin. Et parfois, c’est la relation de confiance que l’on noue avec les salariés en transition qui va nous permettre, même s’ils ne sont plus en poste chez nous, de créer une zone de médiation avec l’employeur pour favoriser leur maintien en poste. Nous sommes désormais reconnus localement pour cette expertise et grâce à la formation SEVE, toute l’équipe d’Entr’aide Service est en capacité de détecter les besoins des entreprises et d’être réactive.

On imagine qu’avec un taux de chômage aussi bas vous devez rencontrer vous-mêmes des difficultés pour recruter. A l’inverse de nombreuses SIAE en ce moment, vous ne semblez pourtant pas inquiète à ce sujet. Quelles est votre stratégie pour éviter cette situation ?

En 1er lieu, nous adaptons sans cesse nos actions et notre organisation aux réalités des besoins des demandeurs d’emplois disponibles sur le territoire. Pour cela, nous avons mis en place des temps d’évaluation et de développement des compétences professionnelles à l’entrée de notre SIAE. Ça nous permet de recruter avec un minimum de prérequis.

Ensuite, nous réalisons un travail de terrain avec l’ensemble des acteurs de l’emploi depuis plusieurs années qui a fini par créer un climat de travail très positif sur notre petit territoire de 16000 habitants. Nous allons toujours privilégier la relation en présentiel : nos locaux sont proches, et je passe régulièrement voir la communauté de communes et l’agence locale de Pôle Emploi par exemple. Quand je suis arrivée au poste de direction en 2006, j’ai aussi instauré un pique-nique annuel pour que tous les partenaires se rencontrent. Et ça marche ! C’est devenu un rituel, qui réunit presque 40 personnes tous les ans, la Mission Locale, les assistants sociaux, le CCAS, l’antenne solidarité, Pôle Emploi, le SPIP…On commence toujours par un temps de présentation de chacun. Ça nous permet d’avoir un vécu commun, et c’est un levier très fort pour créer du partenariat. Et puis on fait des retours aux partenaires qui nous orientent des demandeurs d’emploi en présentant des exemples des parcours au sein de l’association intermédiaire pour susciter de l’intérêt pour la mise à disposition. On essaie de montrer qu’ils ne doivent pas se censurer, et qu’au contraire l’AI est un outil très souple qui permet d’expérimenter. Cette façon de travailler valorise l’engagement de tout le monde et crée un cercle vertueux.  Nous ne sommes pas si nombreux sur le Sud Mayenne, et partager nos quotidiens pas toujours faciles nous permet de dédramatiser mais aussi de se remobiliser. Et les liens créés sont durables : le directeur de l’agence de Pôle Emploi, désormais à la retraite, vient de rejoindre notre Conseil d’Administration. C’est une vraie chance d’avoir un profil comme le sien dans notre structure.

Justement, comment envisagez vous les évolutions de la prescription vers l’IAE et le fait d’avoir de nouveaux prescripteurs potentiels sur votre territoire ?

Je suis représentante de la Fédération des acteurs de la Solidarité au sein du CDIAE de Mayenne et c’est un sujet dont cette instance vient de se saisir. Nous venons de créer, avec l’impulsion de la DDETS, un groupe de travail sur la prescription qui se réunira fin mars. Nous avons déjà calé une réunion fin avril avec la MSA et la CAF au niveau départemental. Localement, nous allons aussi aller vers les partenaires avec qui nous travaillons déjà très bien pour les informer de ces évolutions : le FJT, le Centre Provisoire d’Hébergement (CPH) et la Mission Locale. Mais toujours avec ce souci de ne pas trop parler de la technicité de la prescription : on se rendra disponible pour travailler la partie administrative ensemble, il faut avant tout que ça soit fluide, simple et gratifiant pour le partenaire, et la mise en œuvre suivra.

 

 

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